Ce qui était impensable il y a encore quelques mois est devenu une réalité pour l’association des femmes commerçantes que préside Zaharata au marché de la ville de Kaya. Grâce à la chambre froide directement fournie en énergie solaire, les produits achetés aux agriculteurs de la région du centre nord du Burkina Faso, peuvent désormais être conservés plusieurs jours dans un bon état avant d’être vendus aux habitants de la ville.
Zaharata Sawadogo, autonomie et création d'emplois grâce à l’énergie solaire
12 août 2024
Sous un climat d’une apparente tranquillité, la poussière se soulève sous les pieds de Zaharata Sawadogo. Comme chaque jour, cette mère de famille se rend au marché, désormais ombragé grâce à des toits de tôle. Certaines de ses collègues sont déjà sur les lieux. Après les salutations d’usages et un nettoyage vigoureux des présentoirs, Zaharata se dirige vers de grands réfrigérateurs auxquels elle retire des cageots de bananes, pommes, mangues, tomates, salades ou oignons.
Des réfrigérateurs pour conserver les aliments sur le marché
Avant la mise en place de la chambre froide au marché, les commerçantes étaient obligées de jeter chaque jour des dizaines de kilos d’aliments trop rapidement pourris, ce qui occasionnait pour elles d’importantes pertes en chiffre d'affaires, ainsi que sur leurs moyens de subsistance et leur autonomie.
Cette chambre froide n’aurait pas pu être bénéfique avec l’énergie conventionnelle, trop coûteuse. En plus de la conservation des aliments, les panneaux photovoltaïques installés à quelques mètres des étales leur permettent de consommer raisonnablement et durablement l’électricité. Les factures ont été réduites d’au moins la moitié. Une économie supplémentaire bienvenue pour la responsable des femmes commerçantes de ce marché de Kaya.
« Avant nous n'avions pas d'électricité, maintenant, avec des batteries, nous pouvons garder et utiliser l’énergie, et cela pour un bon prix. L’énergie solaire a été une initiative bienfaitrice pour les populations de notre ville d’abord en termes de réduction du coût d’électricité et ensuite parce que grâce au profits réalisés, nous arrivons à nous occuper de nos familles »Zaharata Sawadogo, Responsable de l'Association des Femmes Commerçantes de Kaya, Burkina Faso
La commerçante a vendu sur les marchés quasiment toute sa vie et est forte de son expérience. Ce métier d’abord alimentaire et imposé par les circonstances, est devenu une passion pour elle et un moyen de s’affirmer dans la société et d’être autonome. Zaharata tire quotidiennement sa détermination dans le fait de contribuer à faire bouger les lignes autour d’elle.
« Ma motivation pour le commerce, je la tiens de ma mère. J’étais encore toute petite lorsque j’ai commencé à l’aider à vendre des légumes au marché. J’y ai pris goût et j’en ai fait ma profession, que j’ai continué même après mon mariage. Grâce au projet, je me rends compte qu’on peut aller encore plus loin dans cette activité » confie-t-elle.
Un projet d’envergure alliant énergie verte et création d’emplois
Le projet auquel fait référence Zaharata est le programme mini-réseaux en Afrique lancé par le PNUD dans une vingtaine de pays du continent. Des dispositifs électriques types, qui fonctionnent grâce au solaire et généralement indépendamment du réseau national. Une alternative face au manque d’accès à l’électricité des communautés pour les activités quotidiennes des ménages mais également pour la création d’activités génératrices de revenus ou le renforcement des capacités, en particulier des jeunes et des femmes. Des énergies vertes facteurs de développement. Au Burkina Faso, le montant total de l’enveloppe allouée à ce projet dont bénéficie Zaharata est de 1 086 476 580 F CFA et couvre la période 2023 a 2027.
Grâce aux énergies renouvelables qui fournissent en électricité les installations récentes du marché, de nouvelles perspectives se sont offertes à la commerçante burkinabé, qui s'est lancée dans la fabrication et la vente de glaces alimentaires et de boissons rafraîchissantes. Le soleil jadis parfois ennemi est devenu le meilleur allié.
Comme d’autres femmes de la communauté, Zaharata a pris conscience des enjeux liés à la préservation de l’environnement pour le développement durable et pour l’avenir des plus jeunes. Car c’est tout un secteur, des agriculteurs aux commerçants, qui est en proie aux effets dramatiques du changement climatique. C’est donc tout naturellement qu’elle est devenue une ambassadrice des énergies renouvelables.
« Nous jouons un rôle important dans la sensibilisation pour l’utilisation de l’énergie solaire. Nous parlons aux communautés et nos voix portent parce que nous sommes leurs mères et épouses.Les gens savent que nous avons une vision et que ce que nous faisons est pour un meilleur avenir de la région » confie-t-elle avec fierté.