L’Iraq se prépare à la pandémie

13 avril 2020

 

 

Avec plus de 1 400 cas confirmés, le coronavirus est désormais une réalité en Irak, un pays peinant déjà à se remettre d'années de conflit.

Notre ‘Mécanisme de financement de la stabilisation’ (en anglais) met en œuvre un programme de réponse de 22 millions de dollars, dont 5 millions de dollars des Gouvernements belge, néerlandais et suédois.

Cette initiative vise aussi à améliorer la capacité des laboratoires à mener des tests de dépistage du COVID-19, à fournir des équipements de protection individuelle au personnel de santé, à augmenter le nombre de salles d’isolement et à évaluer les besoins pour établir des stratégies de relèvement après crise. Se concentrant sur les communautés les plus vulnérables du pays, ces activités seront déployées dans neuf hôpitaux sélectionnés par les autorités locales dans les zones d'Anbar, Diyala, Dohuk, Basra, Karbala, Najaf, Ninewa et Salah Al-Din.

 

Une priorité absolue

« Contenir l’épidémie du Coronavirus est désormais la priorité numéro un du gouvernement irakien. Nous sommes extrêmement reconnaissants à la Belgique, aux Pays-Bas et à la Suède d'avoir agi rapidement pour engager des fonds dans les activités de prévention », a déclaré Zena Ali Ahmad, représentante résidente du PNUD en Irak.

Le mécanisme de financement du PNUD pour la stabilisation du pays est en place depuis juin 2015. Il contribue à reconstruire les infrastructures, à établir des moyens de subsistance durables et à promouvoir la paix après la libération du pays. Ce programme a facilité le retour de plus de 4,6 millions de personnes déplacées par le conflit.

D’après Mme Ahmad, si le couvre-feu mis en place par le gouvernement oblige  le bureau à suspendre temporairement la mise en œuvre de ses activités de stabilisation, « nous capitaliserons sur cette expérience afin de combattre cette crise sanitaire mondiale avec la rapidité et l'agilité propre au PNUD ».

 

Protéger les espaces publics

Dans la province d'Anbar, 11 comités de paix locaux ont pris l'initiative de protéger leurs communautés de la pandémie en stérilisant les espaces publics. En tout, 24 comités ont été créés à Anbar, Ninewa et Salah al-Din, trois régions libérées de l’occupation de Daesh dans le cadre d'un projet entrepris par le Programme de réconciliation intégré du PNUD en Irak et financé par le gouvernement danois.

Ils ont pour objectif de promouvoir la cohésion communautaire dans les zones libérées en facilitant le dialogue, et en agissant comme intermédiaires pour les accords de paix entre communautés. Ils mobilisent maintenant leurs ressources pour contribuer à lutter contre le COVID-19. À Anbar, les marchés, rues, zones résidentielles, écoles, institutions gouvernementales, mosquées et camps de personnes déplacées sont ainsi désinfectés par des équipes d'intervention qualifiées en coordination avec les ministères de la Défense, de la Santé et des Municipalités.

 

Gérer la pandémie

Créés en 2018 par le PNUD en Irak, les comités sont composés d'agents de sécurité, d'autorités locales, d'organisations de la société civile et de cheikhs tribaux. Depuis le début de la pandémie chaque comité a réorienté ses efforts vers la gestion de la crise et s’emploie à demander au public d’adhérer aux mesures de prévention.

 "Nous avons mené de nombreuses campagnes, y compris des visites dans les hôpitaux et les salles d'urgence tard dans la nuit pour surveiller l'état de préparation du personnel médical à recevoir les cas urgents", explique le maire du district de Habbaniyah, Ali Dawood Suleiman.

« Nous surveillons également les prix sur les marchés en coordination avec les agences de sécurité pour nous assurer que le coût des marchandises n'augmente pas. »

Alors que le gouvernorat d'Anbar est soumis au couvre-feu, les magasins d'alimentation sont ouverts aux résidents pendant des périodes définies. Le travail des comités consiste à s'assurer que les résidents peuvent acheter des produits de première nécessité de la manière la plus sûre possible.

 

Masques jetables

À Ninewa, une entreprise pharmaceutique a été chargée par le ministère de la santé de produire 5 millions de masques jetables. Récemment formées à la couture par le PNUD et Kurdistan Human Rights Watch (KHRW) avec un financement du gouvernement allemand, 30 femmes ont répondu à l’appel et ont été formées aux normes sanitaires requises pour la fabrication de masques.

« Je cherchais à me familiariser avec la couture pour, à l’avenir, ouvrir mon propre atelier » explique Nora, qui a participé à la formation.

« Une fois cette pandémie maîtrisée, nos activités de stabilisation reprendront. D'ici là, nous travaillerons en étroite collaboration avec le gouvernement irakien, l'Organisation mondiale de la santé et d'autres agences des Nations Unies pour endiguer la crise du mieux possible, » ajoute Mme Ahmad.